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Cet absent-là, lecture publique

Cet absent-là

de Camille Laurens

Production Lettres en voix / Nonumoï

Lecture publique
45min
avec
Natacha Régnier

Mise en lecture, environnement sonore ponctuel de Delphine Salkin.

Merci à Martin Troadec, Pascale Salkin et Zoé Suliko pour certains enregistrements.

Régie générale : Valentine Bibot

Avec la voix d’Olivier Cruveiller

Merci également à Lukas Ligeti pour avoir permis l’usage d’un extrait de son dernier album (That which has remained).

Avec le soutien des Midis de la Poésie

Ce projet est né d’une envie commune de travailler ensemble, Natacha Régnier et moi, et de nous retrouver autour de l’écriture de Camille Laurens. Nous nous sommes rencontrées avec Camille aussi, nous nous sommes concertées et ainsi est née cette véritable collaboration à trois. Cette lecture est donc une première ébauche de notre futur projet théâtral. Faire entendre le texte et démarrer ainsi la mise en route de ce qui sera par la suite un spectacle.
Pour Camille, l’écriture de son texte s’est ouverte sur une référence à L’Éducation sentimentale de Flaubert, pour dire l’apparition de l’amour. Toute apparition implique aussi une disparition, un effacement.

Cet absent-là est le récit, la rêverie ou la confidence d’une femme hantée par la disparition. Celle d’un enfant dramatiquement perdu, d’un être aimé qui échappe. Celle de l’amour. Une femme nous raconte les absents de sa vie et nous renvoie à l’absence qui habite l’existence de chacun d’entre nous.

Durant le premier confinement, plutôt que d’écrire un dossier de production, je me suis mise au travail sur le texte de Cet absent-là (disponible chez Folio) en créant des « capsules » sonores brèves sous le titre « L’amour suspendu ». Tirées du texte, elles ont été réalisées à partir d’avril 2020 et diffusées comme une sorte de journal poétique du confinement sur le site Soundcloud.


Extraits

Je suis seule. Je me regarde dans un miroir, je regarde une photo de moi. Selon les jours, je suis homme ou femme, grand-mère ou enfant, selon les nuits mon visage accueille un vivant ou un mort – celui-ci, une seconde ou une heure, occupe le premier plan de mon théâtre d’ombres, il prend les devants. Rarement, c’est mon père, il ne vient que si je le convoque, il ne s’impose pas mais si j’insiste il vient, si je le rappelle à moi il revient, chaque fois que j’en ai besoin mon père me monte au visage et me rend à l’évidence, ses traits en moi apaisent la terreur du secret, du mensonge. Aucun mot ne tient lieu de cette vérité-là, charnelle et visible comme une rougeur aux joues : mon père n’est pas le nom, il est dans l’air – un air de famille. Pouvoir infini de l’image où le langage égare ; la paix quant au père : non pas comment je m’appelle, mais comment je le rappelle.

***

Rien ne nous manque jamais que la foi des visionnaires et le don du visage : si nous pouvions seulement, ne serait-ce qu’une fois, céder au mystère de l’apparition – si nous pouvions oser ce geste mystique et fou : croire nos yeux. Qu’est-ce qu’être aimé, dis-le moi, sinon apparaître – je suis là, regarde-moi –, apparaître, oui être à part.

Date et horaire : dimanche 28 novembre 2021 à 20h
Tarif : 10€/8€ (demandeurs d’emploi, artistes, étudiants)

Camille Laurens est une écrivaine française, née le 6 novembre 1957 à Dijon (Côte-d’Or). Agrégée de lettres modernes, elle a enseigné à Rouen en Normandie, puis à partir de 1984 au Maroc, où elle a passé douze ans pour venir vivre à Paris ensuite. Elle écrit une chronique littéraire dans le journal Le monde depuis 2019. Ses romans : Romance, Les Travaux d’Hercule, L’Avenir, Dans ces bras-là, L’Amour, roman, Ni toi ni moi, Romance nerveuse, Encore et jamais, variations, Celle que vous croyez, Fille (2020). Ses récits et essais : Philippe, Quelques-uns, Le grain des mots, Cet absent-là (sur des photos de Rémi Vinet), Tissé par mille, La petite danseuse de quatorze ans. Elle a aussi écrit du théâtre pour enfants, de nombreux articles et contributions pour des ouvrages collectifs. Elle a reçu le Prix Fémina et le Prix Renaudot des Lycéens pour Dans ces bras-là.
Elle est Officier des Arts et Lettres, Membre du jury du prix Goncourt et Vice-présidente de la Maison des écrivains et de la littérature.

Après une année de cours à L’Insas (école d’art dramatique à Bruxelles) Natacha Régnier tourne dans un court- métrage, ce qui lui permet d’être choisie par Pascale Bonitzer pour son premier long- métrage Encore. Elle obtient le prix d’interprétation au festival de Cannes en 1998 pour son rôle dans La vie rêvée des anges d’Éric Zonka et le César du meilleur espoir féminin.
En 2005, le 19e festival du film de Brunswick (Allemagne) lui rend hommage en présentant huit de ses films. Parmi les films qu’elle a tourné, citons Le Silence d’Orso Miret, Le pont des arts, Une part d’ombre, La proie, Les amants criminels, Vert Paradis, Le capital, La vie domestique, Le petit Spirou. Elle joue au théâtre Vivre dans le feu de Marina Tsvetaïeva (mise en scène de Bérangère Jannelle) à Paris au Festival d’automne 2011. En 2014, elle interprète Haïm - à la lu-mière d’un violon, texte et mise en scène de Gérald Garutti à la Salle Gaveau à Paris et en tour-née en France, en Belgique et en Suisse. En 2018 elle fait partie du jury du 40e Festival Interna-tional du film du Caire. La même année, elle tourne la série Marseille produite par Netflix. Elle a tourné également dans la série fantastique Anomalisa, la série Les bracelets rouges et dernière-ment La promesse. Elle est membre du Collectif 50/50 qui a pour but de promouvoir l’égalité des femmes et des hommes et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel.

Delphine Salkin, née à Liège, vit en région parisienne. Diplômée de l’INSAS (Institut National des Arts et du Spectacle, Bruxelles) en 1989 , elle travaille comme comédienne au théâtre et au cinéma en Belgique et en France. Depuis 2010, elle se consacre à la mise en scène tout en travaillant comme assistante, coach d’acteurs, documentariste/créatrice radio et pédagogue. Directrice artis-tique de la compagnie Nonumoï, elle a mis en scène une quinzaine de pièces et parmi elles ré-cemment Intérieur voix (création 2014 puis nouvelle création en 2019) et Splendeur d’Abi Mor-gan (en 2020) au Théâtre de Sénart, au Théâtre 71 et en tournée. Elle signe plusieurs créations documentaires radio pour France Culture dont la version radiophonique d’Intérieur voix - nomi-née au Prix Europa en 2012 - et en 2020 Chute, portait de mon frère en profil perdu ainsi que des créations radiophoniques sur d’autres supports, en collaboration avec Martin Troadec et dis-ponibles en écoute sur Soundcloud https://soundcloud.com/delphine-salkin/sets/documentaires-radio/s-w4P40FgJmsK ou sur des supports radio (DUUU radio ; Le grain des choses).

Issue d’une école de cinéma, Zoé Suliko passe du son à l’image avec aisance. Membre de l’ACSR (Atelier de création sonore et radiophonique), du collectif Radio Moniek, (cabaret ra-diophonique) et de l’ASAR (Association des auteur.e.s sonores et radiophoniques), elle co-anime également la Sonic Radio du festival City Sonic (Transcultures) avec Désartsonnants (aka Gilles Malatray). Passionnée par l’idée de la transmission et de la rencontre par l’écoute, elle anime régulièrement des ateliers sonores pour divers publics. Elle participe à plusieurs ra-dios associatives en Fédération Wallonie-Bruxelles (Radio Campus, Radio Panik, Radio Alma ) et fait de la création radiophonique depuis 2003 avec le portrait de l’Académie des Beaux-Arts de St Joss.
Elle s’intéresse à la création de l’image mentale dans le domaine sonore. Elle signe sa pre-mière fiction radiophonique et sonore pour le jeune public en 2018 avec « Rascasse, le vieux ma-rin » (soutenue par la Fédération Wallonie-Bruxelles et l’ACSR), adaptée du livre éponyme de Frédéric Cartier-Lange. Ses créations radiophoniques sont en libre écoute sur son site : www.zoetabourdiot.be .

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